8) Autour de l'atelier d'Olivia Grandville sur So Schnell

 

 

Il s'agit ici d'opérer une lecture de l'atelier de Olivia Grandville à partir de la pratique et des paroles émises, autour de So Schnell de Dominique Bagouet.

pratique artistique Analyse de l'atelier de composante Olivia Grandville

culturelle

composante

technique et méthodologique

1 - La composante pratique

s'exerce dans un rapport constant de la personne au groupe pour un travail de " danseur " et de " chorégraphe ".

 

Les éléments fondamentaux du mouvement dansé

 

Poids et transfert de poids

ß Travail de " déposition " du poids : le poids s'écoule par la décontraction-respiration ; poids lâché et transféré (appuis internes et externes).

- importance du regard : " c'est le regard qui fait le travail " : s'appuyer sur un regard précis dans l'intention.

- importance de l'axe et des muscles profonds.

ß Les qualités du mouvement

- " pas de corps corseté " chez D.Bagouet : isolations et dissociations très rapides.

- sensations tactiles, " la mobilité et l'élasticité des articulations font une délicatesse ", circulation et respiration des articulations.

- tactilité du sol, tactilité du contact.

ß Le rapport au sol comme support du mouvement.

- principe d'adhérence au sol " aller dedans ", le repousser, s'en éloigner, établir avec le sol une relation sensorielle, sensuelle.

- " déposer et redéposer sur le sol, passer toujours par le sol. ex : "monter et lâcher les épaules, reposer les épaules dans le sol "; ne le heurter ni ne s'y répandre.

 

Fonctions essentielles du mouvement :

élans, rebonds mobilisés par les bras et le haut du corps, pliés et rebonds dans un rapport tactile entretenu, avec le sol (préparation au saut).

 

Travail de l'espace

 

ß Espace visualisé, espace d'écoute entre danseurs, travailler plus " l'espace entre nous que ce que l'on fait ".

ß Complexité des orientations spatiales dans " un parcours inéluctable " (terrain de basket) et des directions dans le corps, ainsi que des tensions spatiales (entre compression et déploiement).

ß Organisation fréquente des mouvements à l'amble.

ß Le transfert de poids crée des volumes, des espaces dans le corps ; il investit des espaces extérieurs; ex : l'espace entre deux positions équilibrées ou les volumes créés entre deux danseurs.

 

Relation au temps : une temporalité ciselée

 

ß Elle se dévoile dans une tension entre un étirement (durée) et une contraction épéhmèreoù une décision se prend, impact, impulse, swing.

ß Dérouler le temps, le suspendre : débusquer la nonchalance, l'habitude des mouvements ordinaires.

ß La relation à la musique se fait en adéquation phrasé gestuel - phrasé musical.

 

Le flux

 

ß mise en tension du corps, lâcher vers… dans… et contre le sol.

 

Aspects syntaxiques

 

ß Répétition de modules courts très précis dans l'espace, dans les directions corporelles et les orientations induites par le regard entre danseurs et l'écoute (le cercle).

ß Apprentissage, modules martelés faits par des danseurs à l'unisson (ski et " chèvres ") sur des trajets et parcours communs préalablement écrits.

 

2 . La composante technique et méthodologique

Aspects techniques

ß dérouler la chaîne articulaire pour conduire vers les fondamentaux du mouvement dansé.

ß solliciter la mobilité et le travail nuancé des articulations (doigts, poignets, coudes, genoux, chevilles) : mise en tension et lâché.

ß créer " une causalité " entre le travail des genoux et des jambes dans le repoussé du sol pour replacer- ramener le bassin (très important) : plus le poids va vers le bas, plus le bassin monte.

ß travailler à la réitération de la sensation et non de la forme : jeu entre l'impact (point de contact) et l'impulse (suspension des corps).

ß " être droit n'est pas dans le dos mais à l'intérieur du corps ; c'est l'axe et la colonne, les muscles profonds qui permettent le saut ", pas les muscles périphériques, juste lâcher…

ß connecter le regard aux axes de rotation, vertical, horizontal, oblique, de la tête.

ß jeu de poids et de contrepoids : donner, retenir et accueillir.

 

Aspects méthodologiques

 

Analyse d'une " démarche simple ".

ß attitude physique simple (" des humains, pas seulement des danseurs "). Cette attitude agit sur la présence : sensations de faire " dans l'instant présent conscient " O.Duboc ; " la manière d'être à ce qu'on fait et le plaisir de faire ".

ß le regard, très important dans la présence : il sert d'axe de soutien au mouvement et à la rencontre. " si je visualise le cercle, je le regarde, je ne le snobe pas ".

ß travail du " tout petit précis, rigoureux, ni nonchalance, ni pose ", " plus le mouvement est petit, plus l'intention est grande ".

ß le travail est celui du corps, pas l'image, pas la représentation mais l'exercice de la sensation : " le ski je ne sais pas en faire, mais j'essaie d'en retrouver les sensations ".

ß le concept n'est pas premier, la matière du corps est à exercer.

 

3. La composante culturelle

 

O.Grandville situe très souvent le travail artistique de So Schnell dans l'histoire de D.Bagouet.

- " la matière d'écriture peu importante, l'écriture de la matière est très importante ".

- Auparavant, son écriture était minimale, avec beaucoup de changements de directions corporelles et d'orientations dans l'espace ; D.Bagouet était dans " l'obsession du détail ", dans " une recherche du minimum de la forme et du maximum de la sensation ".

- Beaucoup de petits gestes des bras, qui ont fait parler de préciosité, de maniérisme .

- D.Bagouet donne une partition écrite, une grille de matériaux qui se travaille " à l'écoute " entre danseurs et dans laquelle il est possible d'intégrer le matériau particulier de chaque danseur.

- D.Bagouet procède par citations, ex : le duo d'hommes de Désert d'Amour, Assaï, le saut de l'ange ; il a un sens de l'humour, voire de l'ironie par rapport à son travail.