Explication de Bijoux : Brasillach

(Le texte est dans le groupement: Poètes en prison)

Condamné à mort à la Libération pour avoir été collaborateur. Il est fusillé le 06/02/1945 (né en 1909).

De Gaule refuse sa grâce demandée par pétitions d'artistes.

Il s'agit d'un poème de 4 strophes d'octosyllabes, intitulé Bijoux extrait du recueil posthume publié en 1949 ayant pour titre Poèmes de Fresnes.

Brasillach s'interroge sur le sort étrange qui lui est réservé et qu'il feint ne pas comprendre.

Il tourne en dérision sa propre condamnation à mort par le biais de l'humour noir résultant du décalage entre ses propos naîfs et sa situation. tragique de condamné à mort.

En réalité cet humour noir est le dernier rempart contre son angoisse.

 

I) Les interrogations naïves

Le locuteur s'exprime à la première personne. Il oppose et compare ce qu'il a été - "un homme viril" sans bijou , sans bague et sans chaîne - à ce qu'il est est "aujourd'hui" - un homme paré de "chaînes aux chevilles".

On constate que cette virilité passée est traduite par 4 rimes masculines dans le premier quatrain. (alors qu'ailleurs l'alternance est respectée).

Il semble réjoui , "fier" de vivre une nouvelle expérience malgré un décor suggéré et déplaisant " mur froid" "soupe maigre".

La réflexion est logique et structurée :

"comment se fait-il" "on dit que" " ma foi":

opposition passé/ présent ( cf les temps)

indicateurs de logique : "Mais" (vers 4 et 14),

opposition entre "chez nous" et ici , dans un univers "nouveau"

 

II) L'humour

1) Cette réflexion est déplacée à cause du décalage entre la gravité de la situation et le sujet futile des propos. Un simple problème de coquetterie et de convenances sociales.

souci du qu'en dira-t-on : "on"

2) Le locuteur se sent lui-même étranger à la situation

"étrange" "bizarre"

3) Un certain nombre de jeux de mots font sourire

a) bijoux de fer = être aux fers

b) homophonie : il résonne = il raisonne

c) polysémie de "chaînes"

d) comparaison cocasse "comme un roi nègre"

4) Le rire amer s'entend aussi à travers les assonances : répétition du "i" et du "é" (+ diérèse à "cu-ri-eux") associées aux allitérations chuintantes "ch" et "j"

5) La fausse innocence : Il semble ignorer les causes de cette captivité et semble se résigner à vivre dès lors comme il se doit ici.

 

III) L'angoisse de la mort

L'angoisse est présente dans tout le poème, en arrière plan.: Le froid de la prison est suggéré.

La futilité" de la préoccupation est un subterfuge, un dérivatif. Le rire cache la peur et les grincements du futur exécuté : dans le dernier quatrain l'allitération en " r" renforcée par la présence de ce même son dans toutes les rimes

Le mot "nouveau" et l'expression "toutes choses" sont à double sens : l'inconnu de la mort.

" je marche" seul verbe de mouvement peut exprimer la marche vers l'échafaud ce qui rend la fin imminente.