1) Prenez un
vers dans un poème :
Rajoutez des
informations pour qu'il soit beaucoup plus long, mais
sans changer vraiment le sens.
Puis raccourcissez
et ainsi de suite.
Après quoi
vous disposerez de phrases nouvelles que vous disposerez
à votre gré.
2) Reprenez
fréquemment la même formule au début
de vers , par exemple, avec " il y a", que le
poète Apollinaire a beaucoup
utilisé.
3) Regardez le
monde qui vous entoure , exprimez ce que vous voyez,
sentez, ressentez, pensez... Puis adressez-vous à
quelqu'un et transformez vos phrases affirmatives en
interrogations :
Par exemple : vous
avez vu qu'il était midi , vous avez vu une rose ,
vous avez senti leur parfum :
Mon amour, crois-tu
qu'il est midi
Que les roses sont
ouvertes ...
4) Prenez un
poème et remplacez tous les mots autres que les
mots-outils.
5) Imaginez un
verbe dont la conjugaison serait très
irrégulière .
Par exemple :
J'aime.
Tu
cries
Il
serre
Nous
avalons...
Ensuite suivez
cette conjugaison et rajoutez des
compléments
Par exemple :
Quand j'aime ton
frère
Tu cries ta
colère
Il serre mes
bras
Nous avalons nos
larmes
6) Prenez deux
séries de mots qui riment comme : maman , enfant,
amant , chant
et fleur,
cur, peur ....
puis écrivez
un vers commençant par un mot de la
première série et finissant par un mot de
la même série, et contenant un mot de la
deuxième série.
Par exemple :
Maman, tu es la
fleur des enfants
Maman, tu es le
cur des amants
6) Regardez un
objet de la vie quotidienne avec un regard inquisiteur,
suspicieux, comme si vous vouliez le comprendre, ce qu'il
est ou ce qu'il fait...
Voici un exemple de
méditation devant une
fenêtre.
Fenêtre
Fenêtre,
malgré moi je te vois : tu crèves les yeux
en crevant le mur. Fenêtre, brèche possible
et impossible entre le dedans et le dehors, compromis
entre le visible et l'invisible, l'être et le
non-être, tu attires inévitablement le
regard.
Fenêtre, tu
es belle et lisse comme l'eau ; tu scintilles comme une
larme. Es-tu une fille pudique voilée de rideaux
de dentelles ? Tu t'irises de buée quand mon
souffle chaud se pose sur toi. Tu rougis quand le soleil
se couche et qu'approche la nuit et ses promesses
d'amour. Es-tu femme vulnérable ? Tes larmes de
pluie souvent ruissellent en tremblotant. Quel sens
donner à tes gémissements quand la
tempête souffle ?
Fenêtre, je
te touche. J'abuse de toi. Mon front s'appuie contre toi
pour sonder le vide de la rue et voir se finir ma
solitude. Mes lèvres déjà humides te
souillent d'une trace fugace.
Fenêtre, tu
es froide ! Serais-tu la Mort ? Ton ossature de bois
dessine sur le sol l'ombre portée d'une croix
noire. Dans l'entrelacement de tes bois, mes yeux
déchiffrent ces mots en lettres-bâtons: "JE
TUE". Si ce n'était la crainte d'entendre le rire
satanique d'un carreau qui se brise, je te ferai voler en
éclats.
Fenêtre, tu
es sadique. Ta séduction n'est qu'un piège.
Tu dévoiles un ailleurs de liberté et tu le
rends intouchable. Tu es l'écran perfide entre le
désir et son assouvissement, le début de
l'espace et sa fin. Le monde, par tes yeux, se couvre
d'artifices : tu feutres les bruits, les odeurs, les
coups de vent, les coups de froid, les coups de chaud.
Et dire que tu es
mon confort, ma source d'air et de lumière
!
Fenêtre, je
te hais. tu fais revivre en moi mes maladies d'enfant
lorsque mon front brûlant cherchait la
fraîcheur de ta vitre. Il m'en souvient aussi de
tous les gestes d'adieu dont tu fus
témoin.
Fenêtre, tu
as honte ! honte de tout ce que tu révèles,
de tout ce que tu caches, de tout ce que tu
empêches. Que d'hommes captifs ont
rêvé de te franchir pour gagner leur
liberté. Que d'hommes curieux ont voulu te briser
pur violer tes secrets ! Combien se sont tendus vers toi
pour t'ouvrir afin de mieux crier leur amour ou leur
haine.
Fenêtre
vicieuse, tu profites de ma colère pour me
renvoyer mon image enlaidie. Mais cette fois je ne
reculerai pas, j'avancerai vers toi, j'écraserai
mon nez blanc sur ta vitre de marbre, je
soupèserai d'un regard le vide à tes pieds,
je cognerai trois fois du front, je saisirai ta
poignée : tu t'ouvriras, tu me libéreras en
grinçant. Je sauterai et serai alors libre ou
mort.